Moderna supprime 10 % de ses effectifs mondiaux pour réduire ses coûts de 1,5 milliard de dollars

Une restructuration majeure face à une demande en baisse

Moderna a annoncé jeudi son intention de supprimer environ 10 % de ses effectifs mondiaux d’ici la fin de l’année. Cette décision s’inscrit dans une stratégie plus large visant à réduire les coûts d’exploitation de 1,5 milliard de dollars d’ici 2027. L’entreprise de biotechnologie, connue pour son vaccin contre le Covid-19, fait face à un recul significatif des ventes de ce produit phare, ainsi qu’à une incertitude croissante dans le secteur des vaccins.

Dans une note interne adressée aux salariés, le directeur général Stéphane Bancel a précisé que la société prévoit de compter moins de 5 000 employés à la fin de l’année. Fin 2024, Moderna employait environ 5 800 personnes réparties dans 18 pays.

Des efforts déjà engagés pour réduire les dépenses

Avant même l’annonce de ces suppressions de postes, Moderna avait déjà entamé une série de mesures pour maîtriser ses coûts : réduction des activités de recherche et développement, renégociation des contrats avec les fournisseurs et baisse des coûts de production. Stéphane Bancel a qualifié les licenciements de « nécessité pour avancer », soulignant que « tout a été tenté pour éviter d’en arriver là ».

Il a ajouté que l’entreprise devait adapter sa structure opérationnelle et ses dépenses à la réalité actuelle de son activité, tout en poursuivant ses investissements dans l’innovation scientifique.

Des résultats financiers sous pression

L’année 2025 s’annonce difficile pour Moderna. Depuis janvier, le titre de la société a chuté de plus de 20 %, poursuivant une tendance baissière amorcée après les pics atteints pendant la pandémie. Jeudi, l’action perdait encore 4 % en séance, alors qu’elle a déjà cédé plus de 90 % de sa valeur depuis ses sommets historiques liés à la crise sanitaire.

En mai dernier, Moderna avait annoncé que ses ventes de vaccins pour le premier trimestre étaient inférieures aux attentes de Wall Street. La société fait également face à un climat politique complexe, notamment avec les changements de ligne du ministère américain de la Santé, dirigé par Robert F. Kennedy Jr., connu pour ses positions sceptiques à l’égard des vaccins. Ces évolutions pourraient compromettre l’accès à certains produits sur le marché américain.

Des incertitudes autour des futurs vaccins

Pour compenser la baisse de revenus liée au vaccin anti-Covid, Moderna mise sur de nouveaux vaccins à ARN messager, notamment une formule combinée contre le Covid-19 et la grippe. Toutefois, la Food and Drug Administration (FDA) a récemment exigé des données supplémentaires d’essais cliniques avancés avant d’envisager une approbation, repoussant ainsi toute autorisation éventuelle à 2026.

En parallèle, le vaccin contre le virus respiratoire syncytial (VRS) n’a pas rencontré l’adhésion espérée, aggravant les doutes des investisseurs sur le potentiel de croissance des nouveaux produits de Moderna.

Prochaine étape : résultats trimestriels

Moderna doit publier ses résultats financiers trimestriels vendredi matin, une occasion pour l’entreprise de faire le point sur ses avancées et de rassurer les marchés. D’ici là, le plan de restructuration dévoilé par la direction marque une étape importante dans la transformation de la société, qui tente de s’adapter à une ère post-Covid nettement moins lucrative.