Le trône du véhicule électrique en Europe : la fin de la lune de miel pour les constructeurs chinois

Alors que le règne de Tesla sur le marché européen des véhicules électriques (VE) commence à vaciller, une nouvelle dynamique de pouvoir émerge. À l’image du renard qui profite de la faiblesse du tigre pour s’imposer, les constructeurs automobiles chinois, forts de leurs prix agressifs, ont lancé une offensive massive pour conquérir le continent. Cependant, leur ascension fulgurante se heurte désormais à un concurrent redoutable et inattendu : le duo sud-coréen Hyundai-Kia.
L’offensive chinoise et la démonstration de force à Munich
Le marché européen, en pleine transition vers l’électrique, est devenu la cible prioritaire des marques chinoises, qui y voient une opportunité de croissance majeure face à un marché américain protectionniste et un marché domestique ultra-concurrentiel. Leur stratégie, une véritable « tactique du rouleau compresseur » basée sur des volumes importants et des prix cassés, a d’abord porté ses fruits.
Le salon de la mobilité IAA de Munich en est la parfaite illustration. Bien qu’organisé en Allemagne, cœur de l’industrie automobile européenne, l’événement a été dominé par la présence chinoise. Des entreprises comme BYD, XPENG ou Leapmotor ont multiplié les conférences de presse et occupé des espaces d’exposition stratégiques, se comportant presque comme les hôtes du salon. Cette année, leur nombre a encore augmenté de 40 % par rapport à l’édition précédente, témoignant de leurs ambitions dévorantes.
La riposte coréenne : quand Hyundai et Kia changent la donne
Alors que les marques chinoises se voyaient déjà en haut de l’affiche, l’arrivée en force de Hyundai et Kia a changé les règles du jeu. Contrairement à leurs rivaux chinois, les deux constructeurs coréens bénéficient déjà d’une solide notoriété et d’une image de marque établie en Europe. Mais leur principal atout réside dans une qualité et une sécurité reconnues, même par les Allemands, réputés pour leur fierté automobile.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Sur les sept premiers mois de l’année, alors que le marché européen du VE a progressé de 25,9 %, les ventes de véhicules électriques de Hyundai et Kia ont bondi de 46 %, dépassant la barre des 106 000 unités. Le groupe est en bonne voie pour atteindre, pour la première fois de son histoire, le cap des 200 000 VE vendus en Europe sur une année. Le succès de modèles compacts comme le Hyundai Inster (vendu sous le nom de Casper Electric en Corée), particulièrement adapté aux goûts européens, confirme cette tendance.
Une qualité plébiscitée par la presse spécialisée
Cette montée en puissance n’est pas le fruit du hasard. Les véhicules électriques de Hyundai et Kia excellent dans les tests comparatifs et les crash-tests menés par les plus grands magazines automobiles européens, des références pour les consommateurs. La berline haute performance Hyundai Ioniq 6 N a été acclamée par les publications allemandes Auto Zeitung et Auto Bild pour son châssis et ses sensations de conduite.
De son côté, le grand SUV Kia EV9 a remporté des comparatifs prestigieux face à des concurrents de renom. Auto Bild l’a jugé supérieur au Volvo EX90, le qualifiant de « SUV à trois rangées, innovant et pratique ». Plus impressionnant encore, Auto Zeitung l’a classé premier devant le Mercedes EQS et l’Audi Q8 e-tron, saluant un véhicule qui « mérite amplement sa victoire » grâce à un « rapport qualité-prix et des performances inégalés ».
BYD : une stratégie de résilience face aux obstacles
Même le géant chinois BYD, fer de lance de cette offensive, commence à sentir la pression. Au Royaume-Uni, par exemple, bien qu’exclu des programmes de subventions gouvernementales pour les VE, le constructeur fait preuve d’une grande confiance. Pour séduire les clients, BYD a mis en place ses propres mesures incitatives, offrant cinq ans d’entretien gratuit et une garantie étendue sur la batterie de 8 ans ou 200 000 km.
Grâce à une gamme variée et à des prix très compétitifs, comme celui de sa Dolphin Surf, l’une des voitures électriques les moins chères du marché britannique, BYD a réussi à vendre plus de 25 000 véhicules au Royaume-Uni avant août 2025, dépassant des marques établies comme Honda et Mazda. Cette stratégie démontre la détermination des acteurs chinois, mais la concurrence coréenne, armée de sa qualité et de sa réputation, s’annonce comme un obstacle bien plus difficile à surmonter que prévu.