Tesla : Offensive commerciale de fin d’année et réajustement stratégique à Wall Street
Alors que l’année 2025 touche à sa fin, Tesla semble déterminé à boucler son quatrième trimestre sur des chiffres records aux États-Unis. Le constructeur texan a déclenché une vague de promotions agressives visant à stimuler les livraisons avant le passage au nouvel an. Parallèlement à cette effervescence commerciale, l’analyste Morgan Stanley revoit sa copie concernant la valorisation boursière du géant de l’électrique, anticipant une période de turbulences malgré des fondamentaux technologiques solides.
Une stratégie de financement offensive
Pour séduire les acheteurs hésitants, la marque a réintroduit des conditions de crédit particulièrement attractives, ciblant tout particulièrement le volume de ventes du Model Y. La version Standard du SUV électrique bénéficie désormais d’un taux de financement à 0 % sur des durées allant jusqu’à 72 mois. Cette offre représente une économie de plusieurs milliers de dollars sur le coût total de possession par rapport aux taux d’intérêt standards du marché, un argument de poids dans un contexte économique tendu.
Les modèles plus onéreux ne sont pas en reste. Le Model Y Premium, ainsi que les versions Premium et Performance de la Model 3, s’affichent avec un taux de 2,99 %. Bien que moins spectaculaire que le taux zéro, ce chiffre reste nettement inférieur aux moyennes actuelles du secteur, offrant une fenêtre d’opportunité intéressante pour le segment premium.
Le leasing sans apport et la gestion des stocks
Tesla s’attaque également aux barrières à l’entrée du leasing en supprimant l’exigence d’un apport initial pour l’ensemble de sa gamme « S3XY ». Avec un premier versement ramené à zéro dollar, les mensualités deviennent le seul critère immédiat : le Model Y s’affiche à 449 dollars par mois et la Model 3 à 342 dollars, tandis que les modèles haut de gamme X et S grimpent respectivement à 1 928 et 1 771 dollars mensuels.
Dans une logique purement logistique visant à vider les parkings, le constructeur incite les clients à opter pour des véhicules déjà en stock plutôt que de passer des commandes personnalisées. Pour ce faire, une « mise à niveau gratuite » est offerte sur les Model 3 et Y disponibles immédiatement. Qu’il s’agisse d’une peinture spécifique, de jantes supérieures ou d’un intérieur blanc, ces options sont offertes au prix de base, permettant aux acheteurs de repartir avec un véhicule mieux équipé sans surcoût. Fait notable, ces nouvelles incitations financières sont cumulables avec les programmes de remises existants, maximisant ainsi les économies potentielles.
Le regard de Wall Street évolue
Pendant que les équipes commerciales s’activent, la perspective financière sur l’entreprise connaît quelques ajustements. Dimanche dernier, la banque d’investissement Morgan Stanley a modifié sa notation sur le titre TSLA. Andrew Percoco, qui succède à Adam Jonas sur ce dossier, a initié sa couverture avec une recommandation à « pondération en ligne » (Equal Weight) et un objectif de cours fixé à 425 dollars, contre 410 dollars précédemment envisagés par son prédécesseur qui, lui, surpondérait le titre.
Selon l’analyse de Percoco, si Tesla demeure le leader incontesté du véhicule électrique, de la production manufacturière et de l’intelligence artificielle appliquée au monde réel, sa valorisation actuelle intègre déjà largement ces succès. L’analyste prévient que l’environnement boursier risque d’être agité au cours des douze prochains mois. Les catalyseurs de croissance liés aux activités non automobiles semblent déjà pris en compte par le marché, laissant peu de marge pour des surprises positives à court terme.
Les paris technologiques : Optimus et le FSD
L’évaluation de Morgan Stanley repose sur des hypothèses ambitieuses concernant la feuille de route d’Elon Musk. Le scénario de base prévoit que l’entreprise et son PDG atteindront sept des douze jalons opérationnels fixés dans le nouveau plan de rémunération de Musk d’ici 2035 — un package colossal évalué autour de 1 000 milliards de dollars. L’analyste note d’ailleurs que la dilution potentielle liée à ces objectifs, si les seuils de capitalisation boursière sont atteints, réduirait mécaniquement l’objectif de cours de 7 %.
Au cœur de cette valorisation, le robot humanoïde Optimus pèse désormais pour 60 dollars par action dans le modèle de Percoco. La technologie de conduite entièrement autonome (FSD) voit également sa valeur par véhicule revue à la hausse. Qualifiée de « joyau de la couronne », cette technologie est perçue comme un avantage compétitif durable face à la concurrence, tant électrique que thermique. L’évolution vers une autonomie totale, sans mains ni supervision visuelle, promet de révolutionner l’expérience de conduite, même si la capacité des concurrents à suivre ce rythme reste incertaine.
Scénarios extrêmes et réaction du marché
La fourchette d’estimation de Morgan Stanley illustre bien l’incertitude qui règne. Le scénario optimiste (Bull Case) propulse l’action à 860 dollars, conditionné par une gestion habile du ralentissement du marché EV, le déploiement réussi des robotaxis sans chauffeur de sécurité — y compris dans des zones aux conditions hivernales difficiles — et la production en série d’Optimus. À l’inverse, le scénario pessimiste (Bear Case) fait plonger le titre à 145 dollars, soit une baisse de 70 %, anticipant une pression accrue sur les marges, une concurrence féroce et une valeur nulle attribuée aux projets de robots humanoïdes.
Sur les marchés, la réaction a été immédiate. L’action TSLA a reculé d’environ 2,3 % lundi, tombant à 444,30 dollars, après une semaine précédente faste où le titre avait bondi de près de 6 %. Cette volatilité intervient alors que certains investisseurs institutionnels, comme Cathie Wood d’Ark Invest, ont profité des récents sommets pour alléger leurs positions, vendant plusieurs dizaines de milliers d’actions. Malgré ces mouvements et une année 2025 qui a vu le titre gagner environ 13 %, atteignant un record à 488,54 dollars en décembre, la prudence semble de mise à court terme.