Le cuivre atteint des sommets inédits aux États-Unis : vers une crise pour l’économie ?

Une flambée des prix inédite
Depuis l’annonce de Donald Trump d’imposer une taxe de 50 % sur les importations de cuivre, les prix de ce métal ont explosé aux États-Unis, creusant l’écart avec le reste du monde. Le marché américain affiche désormais un tarif nettement supérieur à celui observé sur les autres places mondiales, ce qui inquiète économistes et industriels quant à l’impact possible sur l’ensemble de l’économie américaine.
Des conséquences directes pour les entreprises
Près de la moitié du cuivre utilisé aux États-Unis provient de l’importation. Ce métal est essentiel dans de nombreux secteurs, des machines industrielles à l’électronique, en passant par l’habitat, les biens de consommation courante et les infrastructures. Si l’objectif affiché de l’administration Trump est de favoriser la production locale, les spécialistes rappellent que l’augmentation de la capacité nationale prendra des années, voire des décennies, et nécessitera des investissements colossaux.
Un marché désorienté
Les acteurs du marché anticipaient une annonce sur les droits de douane depuis février, provoquant une reconfiguration rapide des flux de cuivre : les stocks ont été réorientés de l’Europe et de l’Asie vers les États-Unis. Toutefois, le calendrier précis de mise en œuvre reste flou, tout comme la possibilité d’exemptions ou de changements de cap de la Maison Blanche. Selon le secrétaire au Commerce Howard Lutnick, la mesure devrait entrer en vigueur « fin juillet, voire le 1er août ».
Un écart de prix historique
Mardi, le cuivre coté à New York (Comex) a terminé la séance sur un bond de plus de 13 %, soit la plus forte hausse journalière depuis 1989, atteignant un record de 5,69 dollars la livre. Sur le London Metal Exchange (LME), référence mondiale, la progression n’a été que de 0,3 %. Résultat : le différentiel de prix entre les États-Unis et le reste du monde s’est envolé, atteignant selon Benchmark Mineral Intelligence plus de 2 600 dollars la tonne – un niveau inédit depuis des décennies.
Une situation instable et incertaine
Malgré des stocks américains plus élevés que d’ordinaire, l’écart entre les contrats à terme américains et ceux du LME, traditionnellement faible voire nul, oscille désormais entre 500 et 1 500 dollars depuis le lancement de l’enquête américaine en février. Pour comparaison, ce différentiel avoisinait les 150 dollars en 2024. En Chine, le marché du cuivre reste quant à lui aligné sur le LME.
Fin de la tension sur l’offre ?
La crise de l’offre, très marquée au début de l’année avec la constitution de réserves massives à destination des États-Unis, semble se dissiper alors que la fenêtre pour tirer parti des prix américains se réduit avec l’imposition prochaine des droits de douane. Sur le LME, les écarts entre différentes échéances, qui s’étaient envolés en juin, se sont depuis nettement resserrés.
Une nouvelle escalade dans la guerre commerciale
La Maison Blanche a confirmé qu’aucune prolongation ne serait accordée pour les négociations commerciales au-delà du 1er août. Le secrétaire au Commerce a par ailleurs évoqué l’envoi imminent de lettres à une vingtaine de partenaires pour les informer de nouveaux barèmes tarifaires, dont une hausse de 50 % sur le cuivre et, potentiellement, jusqu’à 200 % sur certains produits pharmaceutiques.
Un impact à surveiller de près
Si la Bourse ne semble pas encore affectée par cette nouvelle salve de mesures protectionnistes, le marché des matières premières – et en premier lieu le cuivre – entre dans une phase d’incertitude qui pourrait à terme fragiliser de nombreux secteurs industriels américains, déjà dépendants des importations pour rester compétitifs. La menace d’un renchérissement massif des coûts de production inquiète aussi bien les entreprises que les observateurs économiques, alors que les discussions commerciales restent dans l’impasse.